De plus en plus d'anciens joueurs professionnels offrent leur cerveau à la science. Mais les études qui portent sur les athlètes féminines sont beaucoup plus rares et pourtant leurs cerveaux sont plus vulnérables.
Des commotions cérébrales de plus en plus médiatisées, surtout quand les joueurs vedettes sont touchés.
Au football américain, certains règlements ont même été modifiés pour mieux protéger les joueurs. Les femmes ne sont pas moins touchées.
En décembre dernier, Radio-Canada révélait que le quart de l'équipe canadienne de water-polo était contrainte au repos en raison de commotions cérébrales.
Émilie Chamard, candidate au doctorat en neuropsychologie clinique à l'Université de Montréal, a découvert que la composition du cerveau des femmes les rend plus vulnérables à ce chapitre.
« Il y a une circonvolution du cou plus petite, note Émilie Chamard. Et des muscles du cou qui sont moins développés, ce qui fait qu'elles [les femmes] sont plus à risque de subir une commotion cérébrale pour un coup d'une même intensité. »
Une plus faible quantité de liquide céphalo-rachidien ajoute aussi à la vulnérabilité.
« C'est un liquide au cerveau qui fait une barrière entre le cerveau et le crâne, ajoute Mme Chamard. Étant donné qu'il y en a moins, le cerveau est plus vulnérable à entrer en contact avec la boîte crânienne. »
Subir une commotion et l'expliquer
Cette candidate au doctorat est particulièrement touchée par le sujet.
Joueuse de soccer universitaire, Émilie Chamard a déjà subi quatre commotions et publiera sous peu un article dans la revue Brain Injury.
Ses recherches en imagerie par résonance magnétique effectuées exclusivement sur des athlètes féminines montrent que des traces de commotion cérébrale sont visibles dans le cerveau un an et demi après le choc.
« Il y aurait des atteintes, mentionne l'étudiante. Ce qui fait que la transmission de l'information se ferait moins bien et serait moins efficace. »
Un avertissement, pas un frein
Émilie Chamard est l'une des rares scientifiques au Québec à s'intéresser de façon spécifique aux commotions affectant les cerveaux féminins.
Elle entend maintenant poursuivre des recherches sur les impacts à court terme.
« Et éventuellement adapter les protocoles de retour au jeu pour les athlètes féminines parce que là, c'est généralisé même si les recherches portent uniquement sur les athlètes masculins. »
Si les effets des commotions répétées ont de quoi effrayer, elle insiste : il ne faut pas pour autant fuir le sport.
« Il ne faut pas dire à nos enfants d'arrêter de pratiquer des sports parce qu'en contrepartie, la pratique des sports amène énormément de bienfaits et protège aussi le cerveau de plusieurs autres choses. Oui, il faut être à l'affût, mais pas retirer tout le monde parce qu'il y a des dangers », conclut Émilie Chamard.
Dans son cas, être à l'affut, ça veut dire changer son style de jeu sur un terrain de soccer.