Si le formidable parcours d'Eugenie Bouchard à Melbourne s'est arrêté en demi-finales contre la Chinoise Li Na, sa popularité, elle, a explosé.
Son nom est sur toutes les lèvres et son potentiel commercial est immense, selon les experts.
Il faut dire que la jeune Québécoise de 19 ans possède une carte de visite enviable : un talent exceptionnel et un charisme fou.
Les succès de Bouchard aux Internationaux d'Australie ont déclenché un tsunami médiatique.
« Après le match (en quarts de finale) contre Ana Ivanovic, j'ai fait du média toute la journée mardi. Je n'ai jamais fait ça de ma vie », a lancé le père d'Eugénie, Michel Bouchard.
Son exploit à Melbourne a un impact indéniable.
« Ça prouve que les joueurs et joueuses canadiennes sont capables de gagner des grands chelems, ce que je dis depuis que je suis arrivé, a expliqué Louis Borfiga, vice-président du développement de l'élite à Tennis Canada. Ça donne une grande motivation et de grandes ambitions à tous les jeunes qui s'entraînent au Canada. »
« J'ai l'impression que c'est le début maintenant d'une nouvelle ère pour le tennis au Canada », s'est enthousiasmé le vice-président à Tennis Canada, Eugène Lapierre.
À 19 ans, Bouchard est la nouvelle coqueluche du tennis féminin. Dotée d'une grande maturité, elle connaît une progression fulgurante chez les professionnels et ne laisse personne indifférent.
« C'est une personnalité rafraîchissante. On la sent ouverte avec les gens. On sent que c'est quelqu'un qui aime s'amuser. On sent que c'est quelqu'un qui prend son sport très au sérieux, mais qui ne se prend pas au sérieux », a mentionné Jean Gosselin, stratège en communication corporative.
Pour l'entraîneur national de l'équipe féminine et capitaine de la Fed Cup, Sylvain Bruneau, les Internationaux d'Australie sont la ligne de départ d'un long parcours qui sera marqué par de bons résultats d'Eugenie. « Je pense qu'elle va devenir une jeune sportive qui va être très reconnue et très remarquée », a-t-il assuré.
Une image de marque
À l'aise devant les projecteurs, les offres de contrat s'accumulent et ce n'est qu'un début.
« Est-ce qu'elle a le potentiel d'attirer de grandes marques de montre, des grandes marques de vêtements, des grandes marques de parfum, oui absolument. Parce qu'elle est dans un sport qui attire ces marques-là et elle a une personnalité qui convient avec, a assuré Gosselin. Le danger qui la guette, c'est qu'il y en ait trop. Si elle devient un placard publicitaire comme un véhicule de Nascar, on n'est pas plus avancé. »
L'équilibre entre le tennis et les « à-côtés » n'est pas chose simple, il suffit d'avoir en tête le nom de joueuses comme Anna Kournikova, Caroline Wozniacki et Ana Ivanovic.
« Ça ne va pas être facile, parce qu'elle va avoir beaucoup de sollicitations, beaucoup d'attentes. Maintenant on va penser : elle a fait demi-finale, finale, elle va gagner. Je pense qu'il faut surtout lui laisser le temps », a dit Borfiga.
« Elle a une tête solide sur les épaules. Ça fait longtemps qu'on parle de toutes ces choses-là et elle sait que son emploi no 1, c'est le tennis », a rappelé son père.
L'engouement pour Eugenie Bouchard n'aura pas le temps de s'essouffler puisque les amateurs pourront la voir à l'œuvre à Montréal les 8 et 9 février, à la Fed Cup. Tennis Canada se prépare à accueillir une véritable armée de partisans après avoir vu la « Genie Army » dans les gradins australiens.
Les têtes qui tournent
À peine sortie des rangs juniors, Eugenie Bouchard ne s'est pas laissée déconcentrer. Sylvain Bruneau octroie une partie de son succès à sa force psychologique.
« Tout le monde a vraiment été impressionné par son jeu, mais surtout par son aplomb, son calme, sa prestance, sa présence sur le terrain et comment elle a géré tout ça, a lancé Bruneau, encore en Australie. Elle a vraiment réussi à garder ses repères, à ne pas tomber dans un tourbillon de pensées et ça, c'est impressionnant parce que normalement, ce sont des joueuses avec beaucoup plus d'expérience qui arrivent à faire des choses comme ça. »
Pour Bruneau, Li Na n'a pas pris une avance de 5-0 en première manche en raison de la tenue de sa protégée.
« Eugenie était prête. Il y avait une nervosité normale, ce n'est pas comme si elle était gelée par l'ampleur de l'événement. Je donnerais tout le crédit à son adversaire qui a connu un début de match exceptionnel », a-t-il expliqué.
L'important : la Québécoise n'a pas jeté la raquette. Elle a enlevé 6 des 13 autres jeux du duel.
Quoi qu'il en soit, le tennis canadien a encore été placé sous les projecteurs au cours de la dernière semaine. Depuis un certain temps, les jeunes Milos Raonic, Vasek Pospisil et Eugenie Bouchard font tourner les têtes des autres fédérations de tennis vers l'organisation canadienne.
(Avec la collaboration de Justine Boutet)