Manon Gilbert - Lundi 13 janvier 2014 11 h 40 HNE
Sébastien Toutant vise une médaille à Sotchi, mais il veut aussi faire découvrir son sport
Véritable icône dans le monde marginal du surf des neiges style libre, Sébastien Toutant vit cependant dans un relatif anonymat chez lui au Québec.
Mais «Seb Toots», comme on le surnomme partout sur la planète «snow», pourrait considérablement accroître son rayonnement dans la Belle Province dans l'après-midi du 8 février à Sotchi, puisque la première médaille des Jeux olympiques sera décernée en slopestyle masculin.
«Les Jeux olympiques, c'est mon nouveau défi, affirme l'athlète de 21 ans. C'est une nouvelle compétition et je n'y ai jamais gagné de médaille. Une médaille aux premiers Jeux, ça voudrait tout dire. Je pense que ça serait l'un de mes meilleurs moments à vie.»
Pourtant, le planchiste de l'Assomption a connu sa part de gloire dans de grosses compétitions comme le Dew Tour et le World Snowboard Tour, les deux principaux circuits de surf des neiges, ainsi que les X Games, qu'il a tous déjà gagnés.
Si certains de ses collègues ne manifestent guère d'intérêt pour les Jeux et son cadre plus rigide, Toutant, lui, y voit beaucoup de points positifs. À commencer par une plus grande visibilité pour un sport qui a été acceptée dans la grande famille olympique en juillet 2011.
«D'une certaine façon, on n'a pas besoin des Jeux olympiques pour faire une carrière dans notre sport ou en vivre, soutient le champion des X Games 2011 et des X Games européens en 2013. Mais les Jeux olympiques vont vraiment aider notre sport et vont aider à nous faire connaître par monsieur et madame Tout-le-Monde. Si tu gagnes une médaille d'or, tu restes champion pendant quatre ans. C'est ça qui fait que c'est aussi spécial.»
Et à ceux qui estiment que le slopestyle et ses dérivés devraient n'être que l'apanage des X Games, il rétorque : «Je pense que ces personnes sont juste jalouses parce que c'est un sport professionnel comme le hockey. Quand tu gagnes une médaille aux Jeux olympiques, tu ne veux pas dire que tu es le meilleur des amateurs.»
Toutant n'a pas la langue dans sa poche. Mais il reste les deux pieds bien ancrés sur terre malgré la célébrité.
Le Québécois a été propulsé chez les «pros» avec sa victoire au Ride Shakedown de Saint-Sauveur en 2006. Âgé de 13 ans seulement, il avait alors battu des professionnels avec des manœuvres époustouflantes pour un gamin à l'aube de l'adolescence. Un exploit qui a transformé sa vie. Exit les bancs d'école, bienvenue la vie de nomade où compétitions et tournages l'attendaient aux quatre coins de la planète.
«Le surf des neiges m'a fait vieillir plus vite. C'est une belle école de vie. Ce n'est pas offert à tout le monde. Mais quand tu en as la chance, je le suggère à n'importe qui.»
Les Jeux, c'est sérieux
Après l'Europe, le Japon et la Nouvelle-Zélande, le gagnant de quatre Shakedown se tourne désormais vers la Russie, où il n'a jamais posé sa planche.
Pour remporter cette médaille, il a redoublé d'ardeur à l'entraînement durant l'été. Ainsi, il a troqué sa planche à roulettes, sa planche nautique et autre attirail de sports extrêmes contre son vélo de route. Il a également intégré le gymnase à sa routine quotidienne, non pas pour gonfler ses quadriceps, mais pour travailler de petits muscles stabilisateurs, question d'avoir un meilleur équilibre et d'éviter les blessures.
Et contrairement aux années passées où il courait la neige, seul avec son entraîneur, cette fois, il a rejoint ses coéquipiers de l'équipe canadienne, qui n'ont pas son statut privilégié de professionnel, pour quelques camps. Il a également revu à la baisse son calendrier de compétitions, seuls les X Games et le Dew Tour y figurent. D'ailleurs, il a conclu au 4e échelon du Dew Tour il y a un mois.
«L'équipe canadienne et mes commanditaires font en sorte que je vais pouvoir m'entraîner beaucoup avant les Jeux. Je vais pratiquer le plus possible, apprendre de nouvelles figures, de nouveaux trucs dont je vais avoir besoin pour gagner une médaille. Les Jeux sont importants et je ne les prends pas à la légère, assure le persévérant planchiste. C'est une grosse preuve que je veux vraiment bien faire aux JO.»
La pression, celui qui aime donner un bon spectacle ne s'en fait pas trop. Il mise sur son expérience dans les grands rendez-vous internationaux.
«C'est valorisant de savoir que je suis l'un des athlètes qui a des chances de gagner une médaille pour le Canada.»
Avec Mark McMorris, champion des X Games au cours des deux dernières années, Toutant est, sans contredit, une valeur sûre pour le Canada.
Seb Toots à Culture physique
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