MONTREAL - Lucian Bute attend depuis plus de cinq mois la chance de prouver que sa défaite aux mains de Carl Froch était un accident de parcours. Samedi, il n'aura qu'une chose en tête : gagner.
Un texte de Jean-François Chabot
C'est un Bute concentré et prêt pour la guerre qui s'est pointé mardi midi dans le gymnase d'Interbox au Complexe sportif Claude-Robillard. Des ennuis avec le système électrique ont plongé le deuxième sous-sol dans la pénombre, créant une ambiance surréaliste pour la tenue de cet entraînement public.
Comme dans Rocky IV
Plus tôt, les journalistes présents ont pu faire connaissance avec Denis Grachev (12-0-1, 8 K.-O.), cet adversaire russe venu du froid et des arts martiaux mixtes.
Au premier regard, Grachev rappelle, en modèle réduit, le personnage d'Ivan Drago dans Rocky IV, ce géant aux cheveux blonds venu défendre l'honneur de l'U.R.S.S. face à un Rocky Balboa vieillissant.
Après un entraînement rigoureux incluant saut à la corde, sac de sable et quelques rounds à taper dans les mitaines de son entraîneur, Grachev s'est prêté au jeu de questions et réponses des scribes.
Grachev s'est fait un nom à la boxe en l'emportant par K.-O. technique à la 8e reprise face à Ismayl Sillakh à Austin au Texas, le 27 avril dernier. La soirée avait pourtant mal commencé pour celui qui se fait appeler « Le Pirate », puisqu'il avait visité le tapis dès le 3e round.
« Je suis mieux préparé que jamais. J'ai beaucoup de respect pour Lucian Bute, mais je suis venu ici pour gagner », a lancé Grachev, arrivé lundi à Montréal.
« Montréal est agréable, mais avec la pluie qui tombe, on dirait que la ville pleure déjà la défaite de son favori », a-t-il ajouté avec un peu de malice au coin des yeux.
Confirmant avoir regardé plusieurs combats de Bute sur vidéo, Grachev reconnaît que le Roumain d'origine est bon encaisseur, mais qu'il ne peut faire face à la pression dans un ring.
Cela a fait dire à son gérant, Baruch Ferreira, qu'il s'attendait à une victoire de son protégé par K.-O. au 8e round.
Lucian nouveau et amélioré
Bute tient un tout autre discours. Réagissant aux propos de Ferreira, il s'est empressé d'affirmer que l'on ne lui ferait pas subir un tel sort, surtout pas à Montréal.
« Beaucoup avant lui sont venus ici en promettant la même chose. Personne n'a réussi », a rétorqué Bute d'un ton calme, mais tout de même le feu dans les yeux.
La défaite contre Froch est derrière lui. « Je suis flambant neuf, a lancé Bute. La seule chose qui compte à présent, c'est le combat de samedi. »
L'entraîneur Stéphan Larouche s'est empressé lui aussi de dire que la perte de la ceinture IBF des mi-moyens contre Froch était derrière eux et que toute l'équipe regardait en avant.
Loin des micros et dans la pénombre, un proche d'Interbox a reconnu que toute l'équipe avait peut-être péché par excès de confiance en se préparant pour le duel fatal à Nottingham.
On saura samedi soir si Bute et son équipe ont retenu la leçon. Avec un nouveau contrat liant tout ce beau monde pour trois combats, une victoire serait la bienvenue.