La saison 2012-2013 de la Ligue nationale de football n'a peut-être pas offert les grands affrontements auxquels elle nous a habitués, mais à défaut d'offrir des duels captivants, plusieurs belles histoires ont ensoleillé son horizon. En l'honneur du football américain, nous vous présentons la revue de l'année en quatre essais.
Un texte de Renaud St-Laurent
1er essai : D'un Manning à l'autre
Quelques minutes à peine après le couronnement d'Eli Manning et de ses Giants qui ont vaincu les Patriots en grande finale, dans les corridors du Lucs Oil Stadium d'Indianapolis où avait lieu le 46e Super Bowl, on pouvait déjà entendre les murmures des rumeurs concernant l'avenir de son frère Peyton.
Les semaines qui ont suivi la conclusion de la saison 2011-2012 ont plongé l'Amérique dans un débat découlant du dilemme qui terrassait la direction des Colts.
Ayant la certitude de pouvoir repêcher la jeune sensation Andrew Luck que plusieurs comparaient déjà à l'ainé des Manning, le coloré propriétaire des Colts, Jim Irsay, a finalement décidé de couper les ponts avec le visage de son équipe, dont l'état de santé inquiétait à la suite de multiples opérations au cou.
Pour la première fois de sa carrière, le grand numéro 18 était libre comme l'air. Rob Lowe a finalement eu raison.
La saga de l'avenir de Manning avec les Colts a fait place au suspense entourant l'identité de sa nouvelle équipe. Moins de deux semaines après avoir été libéré, Manning a annoncé qu'il poursuivrait sa carrière avec les Broncos de Denver avec qui il a signé un contrat de 5 ans.
Il aura mis quelques semaines à s'adapter à son nouvel environnement (trois défaites à ces cinq premiers matchs), mais le reste de la saison aura donné raison à son patron John Elway.
Dix victoires de suite, un titre de division et le trophée Lombardi dans sa ligne de mire, Manning a charmé ses nouveaux partisans et leur a rapidement fait oublié son charismatique prédécesseur, Tim Tebow.
2e essai : La course aux records
Peyton Manning n'est pas le seul miraculé de la médecine sportive à avoir fait écarquiller les yeux des amateurs de football cette saison.
Le porteur de ballon Adrian Peterson, dont la carrière semblait être terminée à la suite d'une grave blessure au genou subie en décembre dernier, a trompé à peu près tous les experts en effectuant un retour au jeu fracassant.
Non seulement a-t-il porté sur ses épaules les Vikings du Minnesota jusqu'au seuil des séries éliminatoires, il pourrait franchir ce week-end le cap des 2000 verges de gain au sol cette saison.
Mieux encore, avec une récolte de 208 verges lors du dernier match, Peterson pourrait éclipser le record d'Eric Dickerson pour le nombre de verges au sol en une saison.
Pas étonnant que la balade de Peterson vers l'excellence l'a propulsé parmi les candidats au titre de joueur le plus utile à son équipe.
Cumuler 2000 verges au sol est un exploit extraordinaire. Ils sont six porteurs dans l'histoire de la ligue à pouvoir se targuer d'avoir réussi pareil exploit.
Mais récolter 2000 verges par la voie des airs, ça, c'est du jamais vu.
Pourtant, Calvin Johnson, le receveur étoile des Lions de Détroit, pourrait réussir cet exploit inédit ce week-end en cumulant 108 verges.
Johnson a déjà fracassé la marque de Jerry Rice et ses 1848 verges par la voie des airs datant de 1995.
J.J. Watt (Texans), véritable révélation de l'année dans la NFL, et Aldon Smith (49ers) pourraient à leur tour passer à l'histoire cette semaine en surpassant le record de 22,5 sacs du quart de Michael Strahan.
3e essai : L'émergence des quarts recrues
Signe du début d'une nouvelle ère, cinq quarts de première année ont amorcé la saison 2012-2013 en tant que titulaire, du jamais vu depuis la fusion des deux ligues en 1970.
Du lot, trois pivots se sont démarqués. Andrew Luck (Colts), Robert Griffin III (Redskins) et Russell Wilson (Seahawks) ont fait oublier le vert qui accompagne généralement le titre de recrue pour plutôt faire voir rouge aux défenses adverses.
Le rideau n'est même pas encore tombé que déjà, Luck est le passeur de première année le plus prolifique de l'histoire, «RGIII » le quart recrue ayant cumulé le plus de verges au sol et Wilson, lui, a qualifié son équipe pour le grand bal de fin de saison.
4e essai : Les Jets s'écrasent
Les Jets de New York ont été une source de divertissement pour les mauvaises raisons en 2012.
Après avoir implosé au terme de la dernière saison, ils ont transigé avec les Broncos pour obtenir Tim Tebow et tout le cirque médiatique l'entourant.
Une acquisition qui n'aura finalement rien donné, puisque l'entraîneur-chef Rex Ryan ne semble nullement avoir confiance en Tebow qui avait pourtant mené Denver en séries la saison précédente.
Même dans le tumulte, Ryan a réitéré sa confiance envers Mark Sanchez. Ce dernier n'a rien fait pour justifier son statut de titulaire et ses performances médiocres ont plongé les Jets dans un gouffre sans fond.
New York est un marché où les équipes sportives sont scrutées à la loupe par les partisans et les journalistes. Ajoutez à cette pression l'arrivée de Tebow, la personnalité bouillante de Ryan et les malheurs de Sanchez. Tous les ingrédients d'une catastrophe sont réunis.
La pénalité : Le scandale des primes aux blessures
Quelques dossiers chauds ont entaché la réputation de la Ligue nationale au cours de la dernière année. Le scandale des primes aux blessures qui a secoué l'organisation des Saints de La Nouvelle-Orléans a révélé au monde entier des pratiques fort douteuses.
Fidèle à son habitude, la NFL a frappé fort lors du dépôt des sanctions. L'entraîneur-chef Sean Payton et son coordonnateur défensif Gregg Williams ont été les plus sévèrement punis.
Mais l'enquête de la ligue avait ses failles, et elles étaient suffisantes pour que les quatre joueurs suspendus par le commissaire Roger Goodell obtiennent finalement gain de cause en appel.
Goodell a également mal paru dans le dossier du lock-out de ses arbitres.
Après avoir adopté la ligne dure dans les négociations avec ses officiels, le commissaire a décidé d'amorcer la saison avec des arbitres de remplacement.
Pendant trois longues semaines d'activité, ces arbitres sous-qualifiés ont soulevé l'ire des partisans, des joueurs et des entraineurs.
La symphonie d'erreurs a atteint son point d'orgue lors du tout dernier affrontement de la 3e semaine, où les Packers ont encaissé un revers aux mains des Seahawks à la suite d'une décision controversée sur le dernier jeu du match.
Le ballon du match
Le héros de la dernière année a été sans aucun doute Chuck Pagano. Atteint de la leucémie, l'entraîneur-chef des Colts a inspiré ses joueurs qui se sont qualifiés pour les séries après avoir terminé la saison précédente dans les abysses du classement.
Les disparus
La mort de deux joueurs actifs en deux semaines, Jovan Belcher et Jerry Brown, a assombri une partie du calendrier de la NFL.
Les Chiefs et les Cowboys, les équipes de Belcher et Brown, ont signé des victoires chargées en émotion au lendemain de ces tragédies.