Quand les entraîneurs s'affrontent...

Jean Pascal est prêt

On s'attendait à ce que le ton monte à la conférence de presse entre Jean Pascal et Sergey Kovalev. Mais personne n'avait vu venir le règlement de comptes entre les entraîneurs des deux camps.

Après une ouverture remplie des politesses d'usages entre promoteurs et diffuseurs, la pression a bondi d'un cran quand Marc Ramsay, arrivé en retard (pépin mécanique avec sa voiture) a été invité à prendre la parole.

Au lieu de servir la litanie habituelle de compliments et de qualités pour encenser son protégé, l'entraîneur de Jean Pascal y est allé d'une riposte cinglante aux propos tenus par son vis-à-vis, John David Jackson, à un quotidien montréalais.

Jackson y déclarait que Jean Pascal était un boxeur avec « plusieurs lacunes » que son poulain Kovalev allait exploiter avec plaisir. Ajoutant que la pression était sur les épaules de Pascal, Jackson s'en est pris à Ramsay et à sa façon de préparer les boxeurs.

Face-à-face tendu entre Pascal et Kovalev

La riposte

Ramsay était visiblement remonté en prenant place sur le podium.

« En venant ici, des gens m'ont demandé si je commençais à me sentir nerveux. Nerveux? Oui, mais juste assez pour rester vigilant. Nous n'avons pas la pression de nous battre en terrain ennemi. Nous n'avons pas la pression de défendre trois titres mondiaux et une fiche parfaite. Nous n'avons pas la pression d'être favori à 5 contre 1 auprès des parieurs. Nous avons tout à gagner et rien à perdre », a d'abord expliqué Ramsay avant de tourner son attention vers Jackson.

« J'ai beaucoup de respect pour Sergey Kovalev et pour son gérant Egis Klimas. Ils savent bien se comporter, tant dans le ring qu'à l'extérieur. Mais je ne peux en dire autant de l'entraîneur », a poursuivi Ramsay.

« J'entraîne Jean Pascal depuis qu'il a 14 ans. Je l'ai mené vers l'équipe nationale, puis vers les Jeux olympiques. Nous sommes entrés ensemble dans la formidable aventure de la boxe professionnelle jusqu'à la conquête d'un titre mondial. C'est beaucoup plus facile quand un boxeur déjà accompli débarque dans votre gymnase comme l'a fait Kovalev chez John David Jackson. »

S'adressant directement à sa cible, Ramsay lui a lancé sèchement: « Quand tu pourras bâtir un boxeur à partir de rien, quand tu pourras établir une relation à long terme avec lui et en faire un champion, tu pourras alors te permettre de faire la morale aux autres et dire ce que tu penses des autres. D'ici là, tu devrais te taire », a-t-il lancé avec un ressentiment dans la voix.

Cette sortie inattendue a attiré une réaction nourrie du clan Pascal qui s'est mis à taper du poing sur la table au point de faire tomber micros et papiers.

S'en est suivie une série d'interventions de la part des membres des deux équipes pour se ranger derrière leur entraîneur respectif.

Les trois « C » de Jean

Pascal n'a jamais eu la langue dans sa poche. Mercredi midi au Centre Bell, le Lavallois a bien essayé de couper court aux tergiversations, mais ça été plus fort que lui.

Il y est allé d'une comparaison avec le hockey pour s'attaquer à l'origine russe de Kovalev. « Au hockey, les Russes sont très bons en saison régulière, mais ils disparaissent en séries », a déclaré Pascal.

Puis, parlant du combat de samedi comme d'un septième match de la Coupe Stanley, Pascal a livré sa théorie des trois « C ».

« Il n'y a pas de lendemain. Il faut du cœur, des couilles, du courage... et des couilles, j'en ai des grosses », a lancé Pascal semant l'hilarité dans la mince assistance publique venue assister à l'événement.

Le champion s'est montré beaucoup plus sobre en réitérant le plaisir qu'il éprouvait d'être de retour à Montréal pour livrer un combat.

Il a répété à qui voulait l'entendre qu'il était prêt et que le duel de samedi n'était pour lui qu'une étape de plus dans sa carrière.

Au moment de la photo « officielle » du face à face, il y a eu bousculade entre les deux boxeurs, Pascal accusant Kovalev de l'avoir touché au visage avec la visière de sa casquette.

Arrachant la dite coiffe de la tête de son adversaire, Pascal venait de mettre le feu aux poudres qui flottaient encore en fin de conférence.

Une fois l'ordre rétabli, les deux ont quitté rapidement l'estrade. Prochain chapitre, vendredi 13 h, avec la pesée officielle au Casino de Montréal.

Le français de Kovalev

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