Même sur un seul genou, Luis Suarez sait se tenir.
L'attaquant uruguayen, titularisé malgré un genou gauche amoindri par une récente chirurgie, a marqué les deux buts des siens dans une victoire cruciale de 2-1 contre l'Angleterre, jeudi, à Sao Paulo. Dans le groupe D de la mort, la Celeste vit encore.
Après une défaite violente de 3-1 face au Costa Rica, le sélectionneur Oscar Tabarez cherchait des solutions. Envoyer le meilleur buteur du championnat anglais d'entrée de jeu contre les joueurs qu'il affronte à l'année s'est avéré payant. Très payant.
Sa présence, provocatrice dès les premières minutes, a remodelé la dynamique d'une attaque uruguayenne pâle au match initial.
Dès la 5e minute, l'as buteur de Liverpool a tiré un coup de pied de coin en direction du but pour surprendre le gardien Joe Hart. Cette manœuvre, audacieuse, il l'a rééditée à la 49e. Hart a sauvé la mise tout juste devant la ligne de buts.
Le requin des surfaces a sévi une première fois à la 39e minute. Nicolas Lodeiro a décalé Edinson Cavani. Patient, Cavani a attiré trois joueurs. Suarez, isolé avec un défenseur aisément largué, a redirigé de la tête le doux lobe de son coéquipier pour battre Joe Hart à contre-pied.
Rooney, une lueur d'espoir
Wayne Rooney a ravivé les espoirs anglais à la 75e minute. Après avoir devancé son couvreur, il a poussé un centre de Glen Johnson au fond de la cage. Ce dernier venait de confondre un défenseur avec brio.
Rooney, meilleur buteur actif des Three Lions avec 39 buts en 93 sélections avant le match, touchait finalement la cible pour la première fois en 10 rencontres de Coupe du monde. Ce n'était pas à défaut d'avoir essayé.
Rooney a été menaçant, replacé à sa position favorite, dans l'axe derrière Daniel Sturridge, après un premier match passé à l'aile gauche. Avant de marquer, il avait frôlé le cadre sur un coup franc (10e), avait touché l'intersection de la transversale et du montant droit sur une reprise de tête (31e) et avait été frustré à bout portant (54e).
Les deux équipes étaient de retour à la case départ, mais Suarez était encore en jambes.
En embuscade derrière la défense, Suarez s'est saisi d'un dégagement de son gardien, prolongé involontairement par Steven Gerrard (85e). Seul devant Hart, Suarez a affiché le sang-froid qui lui a permis de s'élever parmi les buteurs les plus redoutables.
Le sourire fendu jusqu'aux oreilles pour la deuxième fois du match, Suarez venait de soulager une nation entière. Une défaite aurait placé les demi-finalistes du Mondial 2010 dans une position plus que précaire.
Défense solide
Mise à mal face au Costa Rica, la défense uruguayenne devait surmonter deux défis en un. Elle devait remplacer Maxi Pereira, suspendu pour carton rouge, et le capitaine Diego Lugano, forfait pour blessure. Le tout en augmentant son niveau de jeu.
Le front de la Celeste a brillé face à la jeune et dynamique attaque anglaise. L'inexpérimenté Raheem Sterling, 19 ans, brillant face à l'Italie, s'est effacé devant un quatuor dédié.
Le sens du sacrifice a atteint son sommet quand, à la 61e minute, Alvaro Pereira est revenu au jeu après avoir été atteint violemment à la tempe droite par le genou de Sterling. Le défenseur a semblé perdre connaissance sur la séquence. Le médecin lui a clairement indiqué qu'il devait quitter le match, mais Pereira a insisté pour poursuivre. Il a disputé l'ensemble des 90 minutes de jeu.
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