Une des huit victimes présumées de l'entraîneur de ski alpin Bertrand Charest, accusé d'agression sexuelle mercredi, a raconté son histoire à l'émission The Current, de la radio anglaise de CBC.
Cette ancienne skieuse de haut niveau est à l'origine de la plainte déposée le 25 février et qui a mené à l'arrestation de Bertrand Charest, le vendredi 6 mars. Depuis sa plainte, sept autres skieuses présumées victimes ont raconté leur secret.
« J'aurais aimé ne jamais l'avoir rencontrée, lance-t-elle. Je devais avoir 12 ou 13 ans. Je skiais bien, et c'est comme ça que je l'ai rencontré. Il a commencé à me dire des choses inappropriées et à me toucher quand on jouait au basketball. C'était un sale type, vraiment un sale type. »
Une présumée victime de Bertrand Charest se confie à la CBC
À cette époque, Charest n'était pas son entraîneur. Ce n'est que quand elle a changé de catégorie d'âge, à 14 ans, qu'elle a commencé à skier sous sa gouverne. Et c'est un an plus tard que les premières agressions ont eu lieu.
« Il était très contrôlant et manipulateur. J'étais une jeune fille, je voulais m'améliorer, j'étais très motivée. Je voulais gagner, j'avais du talent, et il a vu tout ça. Alors quand j'ai eu 15 ans, nous sommes partis en Europe, car il voulait qu'on s'entraîne en Europe, qu'on voit le niveau des meilleurs skieurs européens, et c'est à ce moment-là que les premières agressions sérieuses ont commencé.
« On lui avait confié les F1 des skieurs, les meilleurs, les plus talentueux. Nous étions les meilleurs dans nos catégories d'âge. On lui avait confié du talent brut. Nous étions super motivés, Skier, c'est ce que nous savions faire. On travaillait fort. »
Contre toute attente, la présumée victime a croisé Charest dans une boutique de ski l'automne dernier. Ébranlée par cette rencontre, elle a décidé de porter plainte quand elle s'est rendu compte que l'entraîneur exerçait encore son métier auprès de jeunes athlètes de 11-12 ans à la station du mont Blanc, dans les Laurentides.
Avant de s'adresser à la police, elle a porté plainte à l'Association canadienne des entraîneurs pour que Charest soit banni à vie. Mais l'Association canadienne n'a pu donner suite à la plainte parce que les agressions avaient eu lieu avant la rédaction d'un code de conduite pour les entraîneurs, un protocole qui a été mis en place après le congédiement de Bertrand Charest en 1998 par Canada Alpin, la Fédération canadienne de ski alpin.
« Leur réponse est exactement ce que j'ai craint pendant toutes ces années, que le système le protège et ne me croit pas. »
« Si personne n'est accusé, l'Association des entraîneurs ne peut enlever sa certification », a expliqué Daniel Lavallée, directeur de Ski Québec, à Radio-Canada Sports.
C'est ainsi que la présumée victime a brisé un silence de près de 20 ans. Seul son psychologue était au courant (elle ne précise pas s'il s'agit d'une femme). Sa mère ne l'a appris qu'il y a deux semaines.
Des rumeurs non vérifiées
Daniel Lavallée affirme qu'il était au courant des rumeurs qui circulaient au sujet de Bertrand Charest avant son embauche à Ski Québec, emploi qu'il n'aura occupé que quelques mois.
« C'était venu à mes oreilles comme aux oreilles d'autres personnes. Mais c'était impossible de faire des vérifications. Personne ne parlait. Je n'avais pas parlé directement aux athlètes, ni à lui (Charest) non plus. »
C'est après son passage à Ski Québec que Bertrand Charest est devenu entraîneur de l'équipe canadienne junior.
Entrevue avec Me Marie-Pier Boulet et Sylvain Guimond
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