Des spectateurs costumés qui se déchaînent à chaque dégaine, des athlètes qui restent sur place durant toute leur compétition et des fusils futuristes : incursion dans le surprenant univers du tir à la cible.
Mettons cartes sur table en commençant : l'auteur de ces lignes ne connaissait absolument rien au tir à la cible quand il s'est présenté dans un gymnase de Prince George pour la compétition féminine de pistolet à air, jeudi.
D'entrée de jeu, l'enthousiasme de la foule détonne avec l'aspect solennel de la compétition. Les athlètes, ancrés à une dizaine de mètres de leur cible, enchaînent calmement des gestes répétés maintes fois, selon les directives de l'annonceur : « chargez, armez, tirez ».
Les spectateurs, eux, sont tout sauf posés. Cris, applaudissements, agitation de crécelles et de drapeaux : ils réagissent vivement chaque fois que, sur l'écran, apparaît la reproduction de la cible touchée par leur tireuse favorite.
C'est la première fois de leur histoire que les Jeux du Canada utilisent des cibles électroniques. Sur deux larges écrans, on peut voir où le plomb a été tiré, le nombre de points attribués au tir et l'évolution du tableau des meneurs.
« Ça ajoute beaucoup d'intérêt à un sport comme celui-là. Autrement, c'est comme regarder de la peinture sécher », rigole Susan Verdier, directrice technique de la Fédération du tir du Canada.
« Après une compétition, je suis brûlée »
Dans cette activité où la concentration fait foi de tout, les athlètes doivent se couper de l'ambiance que leurs bouchons ne parviennent qu'à amoindrir.
« C'est dur. Avec l'annonceur, tu entends les résultats des autres. Il faut faire fi de ça et se concentrer sur ce que tu fais, pas sur ce que tu vas faire ou ce que tu viens de faire », explique l'Albertaine Veronika Schulze, médaillée d'argent, jeudi.
En finale, les huit athlètes tirent d'abord huit plombs au terme desquels la moins bien classée est éliminée. Ensuite, une compétitrice tombe à chaque 2 tirs si bien qu'après 20 plombs, tirés sur une quarantaine de minutes, une gagnante est consacrée.
« Après une compétition, je suis brûlée, rapporte la médaillée de bronze, Jessica Auton. L'attention mentale dont tu as besoin, ça te vide. » La Britanno-Colombienne excelle lorsqu'elle manque de sommeil. Ainsi, elle se concentre plus facilement sur sa seule tâche : tirer.
Pour Jessica comme pour la plupart des athlètes rencontrées, le tir est une histoire de famille. Son grand-père l'y a initiée et depuis, ce sport est devenu son havre de paix. « C'est plus relaxant que la danse », lance cette ancienne danseuse.
Caroline Dion ne partage pas son avis. « Le stress. Combattre le stress... Quand on lève notre arme, notre bras tremble. Le plus difficile, c'est de contrôler ça. C'est pour ça que ma finale a été une catastrophe », renchérit la Québécoise, 7e du jour.
Les exercices de respiration sont cruciaux. Quelques accessoires peuvent également être utiles pour améliorer sa performance : des souliers spéciaux pour favoriser un meilleur équilibre et des lunettes masquant un des deux yeux. « Si tu fermes l'œil dont tu ne te sers pas, toute cette moitié de ton corps va se crisper », explique Jessica Auton.
Un sport, vraiment?
Le tir à la cible, est-ce vraiment un sport? Les tireuses en ont soupé de cette critique, fréquemment adressée au golf et au curling.
« On me l'a dit pas plus tard que la semaine passée avant de partir pour les Jeux, se souvient la Québécoise Audrey-Anne Le Sieur, 6e.
« Il faut l'essayer pour savoir que tout se passe dans la tête. Un sport n'a pas besoin d'être physique, fait valoir l'ancienne patineuse artistique. Si tu n'es pas dans le bon état d'esprit, ça va tout gâcher. »
Même si les bénéfices physiques sont moindres que pour d'autres sports, la pratique du tir à la cible a des effets positifs.
« Ça demande beaucoup de contrôle. Ça m'a appris à gérer mes émotions... ma rage, ma peine. Ça m'a rendue plus mature et ça a fait de moi une meilleure personne », estime la gagnante du jour, la Manitobaine Krista Hildebrand.
Dans cette optique, les tireuses sont bien attristées du retrait de leur sport du programme des Jeux du Canada pour 2019. Le tir à la cible faisait partie des disciplines optionnelles et n'a pas été retenue par le comité organisateur des Jeux de Red Deer en Alberta.
« C'est bon pour les jeunes athlètes. C'est quelque chose dont on a besoin, estime Veronika Schulze. Ça m'a aidé à l'école. Tu apprends à te concentrer pour une certaine période de temps, comme à l'école. Ça m'a aussi appris d'importantes leçons de vie : rester dans le moment présent et avoir une attitude positive. »
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