Laurent Dubreuil - Jeudi 26 décembre 2013 13 h 31
Samedi, je vais tenter de me qualifier pour les Jeux olympiques de Sotchi.
J'aborde ces sélections olympiques avec un couteau entre les dents. Cette expression, je pense la tenir de Jacques Villeneuve. J'ai toujours été un grand amateur de formule 1 et j'adore la vitesse. Cette fois, c'est à mon tour de négocier les virages en piste et d'être affamé de victoire. Voilà mon état d'esprit à la veille de ce moment crucial de ma saison.
À compter de samedi, je vais essayer de me tailler une place au sein de l'équipe nationale de patinage de vitesse qui se rendra à Sotchi. C'est ma toute première tentative olympique et je suis vraiment fébrile à l'idée d'offrir ma meilleure performance.
Ma spécialité est le 500 m et je suis compétitif au 1000 m. Si je suis dans une forme splendide, on ne sait jamais ce qui pourrait se produire au 1500 m même si j'accorde moins d'importance à cette épreuve. Je veux surtout me classer dans le top 4 au sprint pour me rendre en Russie.
J'ai de bonnes vibrations. J'ai réalisé récemment mon meilleur chrono au 500 m. Ça s'est produit à la dernière Coupe du monde à Salt Lake City. Je n'avais pas battu de record personnel depuis 2 ans. Ce chrono de 34,62 s me procure un élan. De plus, j'ai l'habitude d'être plus rapide dans la deuxième moitié de la saison. Ma machine est bien huilée…
Il n'y aura donc aucune excuse en piste. L'entraîneur ne dispose d'aucun choix discrétionnaire pour recruter un patineur qui, par malheur, offrirait une contre-performance au mauvais moment.
Aucun d'entre nous n'a obtenu sa préqualification pour les Jeux. Il fallait terminer parmi les cinq premières positions aux Championnats du monde et obtenir une médaille au cours d'une étape de la Coupe du monde en 2013. C'est ce qu'on appelle des standards élevés…
En passant, l'équipe n'a pas connu un début de saison à couper le souffle. Nous devons rehausser nos performances d'ici les Jeux. Les Américains et les Néerlandais nous ont repoussés aux 4e et 5e places. Ils sont extrêmement forts jusqu'à présent cette saison…
À l'entraînement vendredi dernier, j'ai patiné le 500 m en 34,85 s après avoir été ennuyé par un rhume. La peur d'être malade le jour de la compétition est toujours omniprésente dans l'esprit des patineurs. La direction nous a prévenus par écrit. Il faut se méfier de tout pour rester en santé. Un petit malaise peut faire toute la différence. Il ne faut pas craindre le repos durant la semaine qui précède la compétition. C'est essentiel à la réussite.
Au 500 m, environ une douzaine de patineurs ont de réelles chances d'être sélectionnés. L'autre moitié du groupe participe à la compétition pour gagner de l'expérience. C'est le cas de mon frère cadet de 19 ans, qui va aussi prendre part à sa première sélection olympique au 1000 m, 1500 m et 5000 m.
Daniel sait qu'il n'a pas de chance de se qualifier cette fois-ci. On n'abaisse pas son meilleur chrono de 2 ou 3 secondes comme par magie. Mais ça pourrait être une autre paire de manches en vue des Jeux en 2018. Daniel est ici pour préparer l'avenir, comme plusieurs jeunes patineurs…
Si je me qualifie, ça voudra dire simplement que j'aurai ouvert la porte de la maison olympique. Moi, ce que je veux, c'est de me rendre au deuxième étage de la maison. Ce n'est pas très glorieux de participer aux Jeux et de terminer au 50e rang. À mes yeux, ça ne vaudrait pas la peine. Il me restera beaucoup de travail à accomplir si j'obtiens mon laissez-passer pour Sotchi.
Je vais demeurer dans ma bulle même si ma famille est dans les parages. Outre mon frère, ma mère et mon père, deux athlètes olympiques en patinage de vitesse sur course piste en 1988 et 1992, sont à Calgary pour assister aux sélections.
Dans le cas de mon père Robert, c'est également par devoir professionnel puisqu'il est le directeur général de la Fédération québécoise de patinage de vitesse. Compte tenu de son rôle, il a toujours un parti pris pour les Québécois, mais je pense que cette fois, il court le risque de vivre ces sélections olympiques plus intensément!
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