SAO PAULO - Les images des violentes manifestations de lundi soir à Rio ont fait le tour de la planète. Les dizaines de manifestants qui s'en sont pris aux policiers qui protégeaient un édifice gouvernemental avaient de quoi choquer.
Mais l'image la plus parlante, c'était celle des manifestants grimpés sur le toit du parlement dans la capitale de Brasilia, entonnant l'hymne national du pays. C'est un symbole fort. Les Brésiliens en ont assez de se faire « piler » dessus par leurs dirigeants.
Depuis quelques jours, je répète la même question aux Brésiliens que je rencontre : quoi penser de ces manifestations? Opportunisme médiatico-sportif ou légitimité? Les réponses convergent vers un ras-le-bol quasi généralisé.
Les manifestations ont d'abord été organisées pour s'opposer à la hausse du prix des billets dans le transport en commun. Une hausse marginale, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Depuis, ceux qui reprochent au gouvernement d'être corrompu les ont rejoints dans les rues. Ils étaient plus de 200 000 lundi soir dans une dizaine de villes du pays.
Si des manifestations du genre sont communes dans plusieurs pays, ce n'est pas coutume ici. En fait, c'est la première fois en plus de 20 ans qu'une telle mobilisation se produit au Brésil, où les inégalités sociales sont bien visibles.
« C'est bon de voir que le peuple montre enfin un peu de fierté, racontait Ricardo, notre chauffeur. Les Brésiliens ne sont culturellement pas revendicateurs, il était temps que ça change. »
« Longtemps les Brésiliens ne pensaient qu'à leur petit bonheur et au football, me dit Rodolpho Canavesi, le directeur d'une prestigieuse académie de soccer. Enfin, le pays se réveille. »
Les manifestants reprochent au gouvernement de gaspiller des milliards dans la construction de nouveaux stades pour répondre aux exigences de la puissante FIFA en vue de la Coupe du monde de 2014.
Des milliards qu'ils jugeraient mieux investis dans des infrastructures utilisées par l'ensemble de la population. Ou encore en santé et en éducation. Les Brésiliens doivent aussi vivre avec une inflation galopante, surtout à Rio de Janeiro.
Pour l'instant, les grandes manifestations n'approchent pas les stades.
Le président de la FIFA, Sepp Blatter, et la présidente du Brésil, Dilma Roussef, ont toutefois été copieusement hués lors du match d'ouverture de la Coupe des confédérations. Des huées qui ont pris de l'ampleur quand Blatter a demandé à la foule de montrer un peu de respect et de fair-play.
Et si le peuple trouvait que c'était un jeu qui devait maintenant se jouer à deux?
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