Max Pacioretty a toujours fait preuve de candeur dans ses entrevues, et il en a fait une nouvelle preuve dimanche, quand est venu le temps de commenter le départ de Scott Gomez.
Pacioretty croit essentiellement que le marché montréalais, et sa lourde pression sur les joueurs comme corollaire, ont eu raison de Gomez.
« Peut-être que dans une autre ville, ça ne se serait pas produit ainsi, a laissé tomber le numéro 67. Je pense encore qu'il peut bien jouer. Il est un atout que des équipes cherchent, je lui souhaite de se trouver une équipe. »
Amené à préciser sa pensée sur « une autre ville », Pacioretty a persisté et signé.
« Ce n'est pas un secret, s'il avait joué à Long Island, il aurait connu une meilleure saison, a poursuivi l'Américain. C'est comme un trou noir. Peu importe le joueur, tu connais deux mauvais matchs et la pression s'accumule, et tu te demandes : a-t-on déjà oublié mes 40 derniers matchs? C'est ce qui lui est arrivé. Ça m'est arrivé dans mes trois premières années, quand je cherchais à me faire une place ici. »
Cela dit, Pacioretty reconnaît qu'on a vu là le côté négatif de la ville de hockey qu'est Montréal. C'est justement cette alternance entre la grandeur et la misère qui rend la ville si spéciale.
« C'est pourquoi on aime jouer ici et c'est aussi le côté négatif de jouer ici », a-t-il conclu.
Un coéquipier exemplaire
Il faut comprendre que pour Pacioretty, comme pour bien des membres du CH, Gomez était un coéquipier apprécié dans le vestiaire. Pacioretty a notamment rappelé que le joueur fraîchement renvoyé à la maison par Marc Bergevin a été le premier à le défendre lors de ce fameux soir de mars 2011, quand Zdeno Chara lui a servi une violente mise en échec.
« Je vais m'en rappeler toute ma vie, a mentionné le numéro 67. Mes parents disent toujours que dans des situations de la sorte, les gens dévoilent leur vrai visage et le sien est apparu à ce moment. »
« Je ne mens pas quand je dis qu'il est une grande raison qui explique pourquoi j'ai un contrat à long terme. Il m'a aidé à devenir un joueur de la Ligue nationale et m'a montré les bonnes choses sur la glace et à l'extérieur. Plusieurs joueurs peuvent dire ça. Il a été bénéfique pour nous. »
Le capitaine du Tricolore, Brian Gionta, perd quant à lui un coéquipier de longue date, avec qui il a passé cinq saisons au New Jersey en plus des trois dernières à Montréal.
« Scott était un bon coéquipier, a dit le petit attaquant. Il a été professionnel, il ne se plaignait jamais. Il a connu une saison difficile et c'est malheureux que le côté salarial (« business side ») l'ait emporté. Sur une note personnelle, c'est un bon ami et c'est dommage.»
Josh Gorges s'est également dit déçu de voir partir Gomez, mais souhaite en tirer une leçon.
« C'est dur de le voir partir, mais on doit comprendre que le hockey marche ainsi. Ça doit nous pousser encore plus à nous dépasser », a mentionné le défenseur.
Bilan
Si Gomez était si apprécié de ses coéquipiers, ses performances inégales sur la patinoire lui ont valu d'être la cible de prédilection des partisans. Il aura été à jamais hanté par son lourd contrat de 7 ans et 51,5 millions de dollars signé avec les Rangers de New York à l'été 2007, et qui l'a suivi à Montréal quand Bob Gainey l'a acquis le 30 juin 2009.
Après une première saison respectable de 59 points, et une production de 14 points en 19 matchs en séries, sa carrière a vite piqué du nez. Sept buts et 38 points en 80 matchs en 2010-2011 et la saison dernière, la honte : 2 buts, 9 passes, 11 points en 38 matchs, et surtout, un temps d'utilisation sous les 15 minutes, avec de nombreuses présences dans les troisième et quatrième trios.
Les partisans du Canadien retiendront de son passage cette séquence sombre de 60 matchs sans but, qui s'est étirée sur plus d'une année civile, soit du 5 février 2011 au 9 février 2012. Ils n'avaient d'ailleurs pas manqué de souligner, sarcastiquement, le premier anniversaire du dernier but de Gomez le 5 février 2012, dans un match en après-midi au Centre Bell.
Reste à voir les séquelles qu'aura la saga Scott Gomez sur la perception du marché montréalais chez les joueurs. On devine que la ville a déjà eu meilleure presse...
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