« Peu convaincant », « de justesse », « vol de l'année »... Voici quelques titres au lendemain du combat de Lucian Bute contre le « mur russe », Denis Grachev.
Une analyse de Robert Frosi
En ce qui me concerne je préfère le titre: « le retour du champion ». Je me demande parfois ce qu'il faut aux « observateurs » du Noble Art pour les satisfaire ? Un spectaculaire K.O, une domination outrageante, du sang sur leurs ordinateurs...
Revenons un peu en arrière, si vous le voulez. Après son humiliante défaite à Nottingham, Lucian Bute a dû remonter une à une les impitoyables marches qui ouvrent les portes du firmament mondial. Un peu comme un accidenté de la route qui doit se rééduquer, réapprendre des gestes qui lui étaient pourtant si familiers.
Il n'y a pas un moment de répit, le souvenir du drame est installé en permanence et vient vous rappeler ce jour fatidique. Quand Lucian est remonté dans le ring, chaque mouvement de l'adversaire, chacun de ses coups, chacune de ses stratégies étaient pour lui une équation à résoudre instantanément. Une partie d'échecs où chaque pion avancé, chaque coup tenté peuvent être irrémédiables.
Savoir encaisser
C'est dans cet état d'esprit que Lucian a encaissé et tenté de retrouver ses automatismes. On dit que les 11 ème et 12 ème rounds, sont des rounds de championnats et que c'est là que l'on voit les grands champions.
Alors que dire de ce que l'on a vu dans le ring du Centre Bell. Un boxeur qui, après avoir frappé son adversaire avec de solides coups, et surtout rencontré le « mur russe » pendant dix reprises, ouvre la machine au 11 ème et nous offre au 12 ème round un véritable feu d'artifice.
Il frappe enfin des deux mains comme il nous avait tellement habitué à le faire. Il retrouve sa superbe, sa grâce, son élégance et surtout... sa confiance malgré les marques d'un combat difficile.
C'est cette dernière qui l'avait abandonné dans la ville de Robin des bois. C'est cette dernière qu'il lui fallait retrouver. Certains grands champions n'y arrivent jamais mais d'autres, comme Lucian, oui.
Pensez à la légende des super coqs Erik Morales qui a défendu neuf fois son titre mondial (comme Lucian), pour le perdre contre Barbera. Il reprendra son titre.
Ou Oscar de la Hoya, qui a battu Ruelas, puis Chavez, qui perd ensuite deux fois contre Trinidad et Mosley. Fini ? Que non ! Il revient pour la reconquête contre Castillejo et Vargas.
Evidemment, nous sommes loin de Rocky Marciano qui est le seul champion du monde à être demeuré invaincu pendant sa carrière de 49 combats, mais tout de même... Demandez à n'importe lequel des champions du monde ce qui est le plus difficile: gagner un titre ou le conserver ? Perdre ou revenir ?
Lucian Bute a passé samedi soir son premier véritable test et il n'est sûrement pas sorti de l'arène comme un voleur, comme le prétendent certains.
Du pain sur la planche
Certes, il faudra encore plus de travail pour venir à bout du « Cobra » (Carl Froch) et peut être même un autre combat significatif avec un adversaire aussi coriace que Grachev.
D'ailleurs, il faut saluer le Groupe Interbox qui a offert à l'ancien champion un adversaire digne de ce nom et non pas un simple « jambon » qui aurait rassuré les partisans, mais enflammé les « fins observateurs » de la boxe.
Pas facile de contenter tout le monde!
Les 10, 000 spectateurs présents au Centre Bell, ont souffert pour leur champion, restant en apnée, dès qu'ils voyaient Bute dans les câbles, venant leur rappeler le drame anglais.
Le syndrome de Nottingham n'est peut être pas oublié, mais une chose est sûre, le champion est de retour.
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